Festival International de Géographie 2002 de Saint-Dié des Vosges
"
Géographie et religion, ces croyances, représentations et valeurs qui modèlent le monde"

La religion dans la toponymie par Sylvie Lejeune de l'I.G.N

Compte rendu réalisé par Bruno Granger
professeur au collège Notre Dame des Aydes à Blois.

L'influence de la religion catholique dans la toponymie est très grande. Le christianisme se répand et s'étend du IVième au XIIIe siècle, date à laquelle presque tous les toponymes sont fixés. Il y a 5000 à 6000 noms de lieux d'origine religieuse en France.

 On trouve d'abord quelques noms d'origine gauloise. Belisama (la très claire), déesse des eaux est à l'origine des toponymes Bellême (61...). Lugdunum, Laon (02), Lion en Beauce (45)... viennent de Lug (dieu des arts et des techniques). Le dieu des eaux chaudes : Borbo a donné naissance à Bourbonne-les-Bains (52) ou Bourbon-Lancy (71).

Les invasions germaniques n'ont laissé que des toponymes dont l'origine est des noms de lieux ou de personnes.

A partir de la fin du IVe siècle et de l'arrivée de St Martin ce sont d'abord la cella (cellule) des ermites qui donne : Cellettes (41), Selles-sur-Cher (41), Navacelles (30), La Celle (72), Sceaux (92)....

Le mot église était trop commun pour différencier des noms de lieux, mais il a été associé à d'autres termes. Ste Mère Eglise (l'Eglise de Ste Marie en latin), St Laurent les Eglises dans la Vienne qui possède trois lieux de culte, Vieille-Eglise (78) ou Laguiole qui signifie petite église en Occitan. Les langues régionales fournissent d'autres exemples comme Kernilis en Bretagne (la petite église), Dunkerque (Kerque en moyen néerlandais signifiant l'église), Kirchberg (68), Criquetot l'Esneval en Seine-Maritime (en Norois)....  

Le mot basilique a été transformé pour donner Bazoche, Bazauges, Bazouge, Bazailles ... selon les régions.

Chapelle, à l'origine l'endroit où l'on vénère les reliques du manteau de St Martin a donné 256 noms comme Capelle en Picardie où l'on ne prononce pas le son ch.

L'oratoire (oratorio) est à l'origine d'une grande variété de noms selon les influences régionales, mais on le trouve plus souvent dans la langue d'Oïl : Ouzouer (41), Orrouer (28), le Loroux, Yrouerre(89), Aurouer (03), Ouroux (69), Oradour ou Ozoir.

Le mot monastère est important dans la toponymie à cause de l'importance des moines et des défrichements au Moyen Age : Moustiers au nord de la France ou Monestier au sud, mais aussi Montreuil, Mottereau, Mennetou, Montrieux Menestrol...

D'autres établissements divers ont laissé des traces dans la toponymie comme Prunay-le-Temple, Ste Colombe-la-Commanderie (27), Villedieu-les-Poëles (50), la Chaise-Dieu... La ville d'Olivet (45) tire son nom du Mont des Oliviers visité par les Croisés.

 Mais bien sûr, ce sont les noms de saints qui forment l'essentiel des toponymes d'origine religieuse : 4450 communes sur 36500 soit 1/8 dont 3500 se trouvent en Occitanie, en particulier dans le Massif Central, l'Ardèche détient le record avec 29% mais il n'y a pas d'explication. A l'époque carolingienne Saint se disait Dominus et a donné Dampierre, Domrémy, Dommartin, Dammarie, Donnemarie Dannemarie... plus tard il est remplacé par Sanctus. St Martin a donné 242 toponymes, St Jean 180, St Pierre 163 et St Germain 130. On notera que les saintes ne représentent que 10% du total ! Même Marie est peu utilisée car son culte commence au XIIIe siècle. Bien sûr un même nom prend des formes différentes selon les dialectes et certains saints sont régionaux comme St Tropez ou St Nabore (dans l'est) et St Jacut en Bretagne. Les altérations des noms peuvent donner de " faux " noms de saints comme Cinq Mars la Pile (37).  

 Le Moyen Age a été dominé par un très fort sentiment religieux et en France environ 15% des toponymes sont d'origine religieuse. Leur répartition n'est pas homogène, il n'y en a que 10% dans les Vosges, mais il n'y a pas d'explication satisfaisante à cette géographie.

Compte rendu réalisé par Bruno Granger
professeur au collège Notre Dame des Aydes à Blois.

 

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